Voici un extrait d’un entretien avec le Premier ministre roumain, entretien précédant la visite du ministre français de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, en Roumanie (le 30 et 31 août) :
"La grande majorité des roumains, soit n’a jamais quitté le territoire national, soit est si tranquille quand elle est à l’étranger qu’elle passe inaperçue ; une minorité de quelques centaines d’immigrants turbulents affecte l’image de 22 millions de Roumains, ce qui est intolérable. Je veux toutefois préciser, en premier lieu, que la majorité de ces immigrants s’y trouve (en France par exemple) depuis plusieurs années, et non pas depuis la libéralisation de la circulation dans l’espace Schengen. La raison pour laquelle les autorités françaises n’ont pris aucune mesure à leur encontre n’est pas claire à ce jour.
Entre la France et la Roumanie, il existe un accord de réadmission depuis 1994, et il revient aux autorités françaises de maintenir l’ordre sur le territoire français. Malgré cela, comme le Gouvernement roumain se sent responsable pour chacun de ses citoyens, j’ai insisté pour renforcer la collaboration avec Paris. J’ai été obligé de constater que les Roumains sont devenus un "matériel didactique" en France, et que sur notre dos on expérimente la politique de lutte contre l’insécurité qui était au centre des débats électoraux.
Cela ne me paraît pas un hasard que cette campagne antiroumaine ait été déclenchée dans la presse depuis seulement deux mois.
Lutter contre quelques centaines d’immigrants roumains clandestins est efficace d’un point de vue médiatique et soulève moins de problèmes que de s’attaquer au trafiquants de drogue ou aux bandes armées ; dans ce cas-là les résultats sont moins rapides, et donc moins spectaculaires.
Quant aux milliers de roumains qui travaillent clandestinement en France, des simples ouvriers, aux l’informaticiens et autres spécialistes de grande valeur, on n’en parle jamais parce que cela touche aux illégalités commises par des patrons français qui les payent à moitié prix. Je ne nie pas que cela part d’un problème réel, et que ces émigrants avec leurs problèmes existent vraiment. Le Gouvernement a à l’étude un projet de grande ampleur, à long terme, pour l’intégration sociale des diverses catégories défavorisées qui fournit le gros de l’immigration clandestine. Ce problème doit être résolu ici, chez nous."
Interview d’Adrian Nastase, publiée par le quotidien România Libera le 23 août 2002
[Traduction Roumanie.com]