avril 2008

Russie : "l'évolution des relations Bucarest-Moscou dépend de la Roumanie"

Bucarest, 3 avr (Rompres) - L’évolution de la relation bilatérale entre la Roumanie et la Fédération de Russie dépend de l’attitude des politiciens roumains, ont déclaré ce jeudi, à l’occasion du Forum transatlantique, Konstantin Kosachev, président de la commission d’Affaires internationales de la Duma russe, et Sergueï Markov, membre de la Duma, directeur du Conseil national civique pour les Affaires étrangères de Moscou.

’Il n’y a pas de grands problèmes dans la relation entre la Roumanie et la Fédération de Russie, l’adhésion de la Roumanie à l’OTAN et à l’UE n’a pas créé de grands problèmes. J’espère que la Roumanie apportera une contribution aux relations entre l’OTAN, l’UE et la Russie. Nous avons besoin de plusieurs pays de l’OTAN et de l’UE qui essaient de contribuer à la collaboration entre ces organisations et la Russie. La Roumanie a un pareil potentiel, mais c’est aux autorités roumaines d’user ou abuser de ce potentiel’, a affirmé Konstantin Kosachev.

Selon lui, le fait que la Roumanie est restée en dehors du projet du gazoduc South Stream n’a pas été influencé par les considérants politiques de la relation russe-roumaine.

’Un accord commercial sera conclu s’il est mutuellement bénéfique pour les deux pays. Il n’y a aucune dimension politique de cette situation, toute conduite de gaz inclut et exclut certains pays. Des choix ont été faits. J’espère que la Roumanie sera incluse dans ce projet. Je ne peux pas affirmer à quel moment, car je suis politicien, et c’est un problème des experts’, a mentionné le parlementaire russe.

M. Kosachev s’est déclaré convaincu que le projet Nabucco, dans lequel la Roumanie est impliquée, n’aurait pas de succès et de valeur commerciale, car c’est un projet politique, qui ne réussira pas à trouver le gaz nécessaire pour être transporté vers les pays européens bénéficiaires.

’L’Azerbaïdjan, avec lequel nous avons de très bonnes relations, a fait beaucoup de déclarations ces dernières années au sujet des ressources de gaz et pétrole dont il dispose, et toutes n’ont pas été confirmées’, a-t-il relevé.

Se référant au prix du gaz livré par la compagnie russe Gazprom en Roumanie, M. Kosachev a souligné que la Russie essayait toujours d’introduire un prix conforme au marché, et a relevé que ce prix du marché dépendait des cas où Gazprom était propriétaire des réseaux de distribution ou détenait des actions dans les sociétés de distribution.

Sergueï Markov a déclaré qu’il y avait une relation entre l’attitude des hommes politiques roumains à l’égard de la Russie et les relations de collaboration économique entre les deux pays.

’Il n’existe pas de soutien politique pour nos relations économiques, c’est aux politiciens de tirer les lignes pour la coopération économique, ce qui est évident que les politiciens roumains ne font pas’, a affirmé M. Markov.

’Nous sommes prêts à continuer notre relation avec la Roumanie, mais la Roumanie s’est concentrée de manière excessive sur la relation avec l’Ouest, les États-Unis, les marchés occidentaux. Nous sommes ouverts à la coopération, mais la Roumanie a oublié la Russie et pense à nous seulement dans le contexte lié à la République de Moldavie et à la Transnistrie. C’est une approche trop limitée, qui doit être ouverte’, a-t-il mentionné.

M. Markov a relevé que la politique du président Basescu à l’égard de la Russie n’avait pas trop influencé, et pas d’une manière négative, la relation bilatérale, dans le contexte où le chef de l’État roumain n’a pas de politique bien définie à l’égard de Moscou.

’Les hommes politiques roumains ont une approche provinciale, ils attendent trop de leurs chefs de Washington. Ce complexe doit être dépassé’, a affirmé M. Markov.

L’officiel russe a qualifié d’immense erreur la politique de la Roumanie à la mer Noire, politique de soutien de la Géorgie, relevant que la Russie a besoin de l’aide de la Roumanie pour avertir du danger de la course à l’armement déclenchée par le régime de Tbilisi.

M. Markov, qui a été informé que la position de Bucarest au sujet du Kosovo était liée à la situation de la minorité magyare de Transylvanie, a relevé que la Roumanie pouvait attirer l’attention de ses alliés et partenaires de l’UE sur l’Estonie et la Lettonie, où les droits démocratiques de la minorité russe ne sont pas respectés.

En ce qui concerne le projet South Stream, M. Markov a souligné que la Bulgarie avait fait beaucoup pour la collaboration avec la Russie.

’Les Bulgares ont été plus intelligents et plus rationnels que vous, et ils ont gagné la compétition avec vous’, a ajouté M. Markov.

’Les Bulgares sont meilleurs que vous, Gazprom ne répond probablement qu’aux meilleurs. Les dignitaires russes ont peu de temps, vous devez frapper plus fort et plus longtemps à la porte et peut-être on vous répondra’, a été d’avis M. Markov, répondant à une question liée à la déclaration du ministre roumain de l’Économie, Varujan Vosganian, qui a déclaré avoir envoyé plusieurs déclarations à Gazprom, mais ne pas avoir reçu de réponse, car les portes de Moscou sont fermées pour la Roumanie.

L’ancien Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov, opposant à l’actuel régime de Moscou, a pour sa part déclaré que la relation bilatérale roumano- russe était influencée en premier lieu par le problème des valeurs différentes existantes à présent en Occident et Russie.

’Il s’agit d’un problème entre les relations de l’Ouest avec la Russie, à cause des différences de valeurs, de la politique de la Russie de ces dernières années. D’ici découlent les problèmes entre l’Otan et la Russie et les problèmes bilatéraux avec certains pays, tels que la Roumanie. Cependant, au niveau humain les relations entre la Roumanie et la Russie ont toujours été chaleureuses’, a-t-il dit.

M. Kassianov a rappelé les bonnes relations économiques dans la période de son mandat, lorsque des investissements russes ont été réalisés dans le secteur industriel et énergétique roumain, et a précisé que South Stream et Nabucco n’étaient pas deux projets concurrents, ayant chacun son rôle.

Se référant au prix du gaz russe pour la Roumanie, M. Kassianov a considéré comme ’étrange’ l’existence des intermédiaires et l’absence d’un contrat direct de Gazprom avec les compagnies afférentes de Roumanie. Répondant à la question s’il connaissait pendant son mandat l’existence de ces intermédiaires, M. Kassianov a mentionné embarrassé : ’je ne me souviens plus’.

[Roumanie.com]

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