A l’invitation de la Fondation "Horia Rusu", plusieurs personnalités de la vie publique ont discuté, du rôle et de la place de l’intellectuel dans la vie politique après décembre 1989. Cette réunion débat a eu comme but d’analyser dans quelle mesure les intellectuels sont toujours prêts à participer à la bonne transformation de la société. "Autant d’implication que de responsabilité : sur le rôle de l’intellectuel dans la vie politique de la Roumanie d’aujourd’hui".
Ce débat a entériné en quelque sorte l’affirmation selon laquelle les représentants de cette élite échouent quand ils ont à s’occuper des affaires de la cité. "L’intellectuel quand il doit travailler, résiste difficilement, cède facilement et veut retourner à ses outils de travail" affirme avec l’accord tacite de l’auditoire, le professeur Nicolae Manolescu, modérateur du débat. C’est ce qui s’est passé en Roumanie, soutient le professeur Manolescu, dont l’expérience inclut ce qu’il a vécu depuis qu’il est entré dans la politique. Après 1990, les intellectuels roumains qui ont choisi de faire de la politique ont été traités avec suspicion par leurs collègues qui ont refusé de s’y impliquer. Petit à petit, ces deux catégories se sont confrontées en une véritable dispute, et "entrer en politique est devenu quelque chose de compromettant".
Le résultat ? Les intellectuels ont commencé à refuser le contact avec la politique pour ne pas être mis à l’index. L’argumentaire de Nicolae Manolescu a été validé par le politologue Cristian Preda, qui a montré que c’est tout à fait ce qu’il a ressenti tant qu’il a été conseiller présidentiel.
L’analyste politique Stelian Tanase a entamé le sujet d’un autre point de vue : l’intellectuel roumain s’est impliqué dans la politique après 1990, mais comme ses homologues des pays ex-communistes ; il s’est fourvoyé.
"Il n’y avait pas une autre destinée de l’intellectualité que l’échec" a affirmé Stelian Tanase. Nicolae Manolescu a souligné à son tour le fait que "l’échec soit inévitable" ; exemple : le Parti de l’Alliance Civique - une formation qui regorgeait d’intellectuels, mais la plupart d’entre eux n’étaient pas des militants politiques. "Quand Emil Constantinescu a dit que la Convention Démocrate Roumaine a 15000 spécialistes, nous l’avons cru et nous le croyons toujours, sauf qu’on n’a pas découvert les mécanismes afin de pouvoir les utiliser" a-t-il rajouté.