L’hebdomadaire britannique The Economist a publié, dans une édition papier, un article sur la lutte anti-corruption dans le monde, en partant du cas très médiatisé de la société roumaine Hexi Pharma. Le scandale représente, selon The Economist, un cas exemplaire de lutte anti-corruption en Roumanie. L’accident, qui a causé la mort de Dan Condrea, le patron d’Hexi Pharma, une compagnie accusée d’avoir dilué des désinfectants qu’elle vendait à des hôpitaux, laisse à penser que la Roumanie est une " cleptocratie dominée par des infractions et des pots de vin ", écrit The Economist.
Pourtant ce sont 1250 fonctionnaires, hommes politiques, élus, personnalités, qui ont été poursuivis en 2015 en Roumanie [par la DNA, Agence anti-corruption du gouvernement roumain, NDLT]. Le cas Hexi Pharma, particulièrement emblématique, est un des exemples de la lutte anti-corruption dans ce pays.
Le scandale a été révélé par des journalistes d’investigation, et les autorités roumaines ont réagi rapidement, en démarrant des enquêtes. Le système judiciaire roumain est devenu de plus en plus indépendant, depuis que le pays est entré dans l’Union européenne en 2007. Le nouveau Procureur général, Laura Codru ?a Kovesi (voir photo), nommée en avril par un président [Klaus Yannis, NDLT] qui a été élu pour son soutien à la lutte anti-corruption, se sert du cas Hexi Pharma comme d’un exemple : l’infatigable directrice de la Direction anti-corruption de Roumanie (DNA), a fait savoir que l’agence qu’elle dirige l’enquête sur cette entreprise. L’année dernière, Laura Codru ?a Kovesi a envoyé en justice plus de 1250 personnalités publiques, et elle a aidé à destituer le Premier ministre [Victor Ponta, NDLT].
Au sommet anti-corruption de Londres, le mois denier [12 mai 2016, NDLT], Laura Codru ?a Kovesi a été " traitée comme une rock star ", écrit The Economist. Le journal attire l’attention sur le fait que le public tend à penser, lorsqu’il entend parler de lutte anti-corruption, que les choses vont de plus en plus mal, alors qu’en fait, elles commencent à aller mieux. " C’est un paradoxe courant : le monde devient conscient du phénomène de la corruption, lorsque l’on entreprend une action pour y remédier. Cette action fait que les gens pensent que les choses vont plus mal, alors qu’elles vont mieux ".
The Economist analyse également le phénomène de la corruption au Brésil, au Guatemala et en Chine, et note que lorsqu’un pays commence à éradiquer ses propres systèmes corrompus, l’opinion paradoxale dans le monde, est que ce pays est particulièrement touché par la corruption. " La tendance à considérer ces pays comme plus sales, lorsqu’ils commencent à faire le ménage, ne va pas surprendre les étudiants en histoire américaine et britannique. C’est parce que ces deux pays, à la fin du XIXe siècle, ont déployé une série de réformes, et ont voulu une vie politique plus transparente, qu’ils ont donné une mauvaise impression, justement à cette époque. La question est de savoir si des pays comme la Roumanie, le Brésil, le Guatemala et la Chine vont pouvoir suivre le même chemin " note The Economist.
Le message de la publication, à la fin de l’article, est encourageant : " Dans un pays comme la Roumanie, les électeurs et les investisseurs devraient se réjouir et non désespérer. Lorsque les contrevenants font la première page des journaux, cela signifie que quelqu’un d’honnête les y a placés " conclut The Economist.
[source et photo : Adevarul]
[Roumanie.com]