L’Institut français de Bucarest a fêté hier, le 19 juin, ses 70 ans depuis l’installation dans la magnifique bâtisse du boulevard Dacia de Bucarest. A cet événement ont été présents le directeur de l’Institut français, Irina Boulin-Ghica, le traducteur Micaela Ghitescu et l’historien Dimitrie Papacostea.
André Godin, auteur d’un ouvrage sur l’histoire de l’Institut français des hautes études en Roumanie (l’ancienne appellation de l’institut) entre 1924 et 1948, "Une passion roumaine", a évoqué à cette occasion, lors d’une conférence donnée dans la salle Elvira Popescu, l’histoire de l’institut, qui compte parmi ses fondateurs des personnalités illustres comme Henri Focillon, Jean Cantacuzène, Nicolae Iorga ou Jean Giraudoux, et parmi ses dirigeants le non moins illustre Roland Barthes.
André Godin a souligné que l’installation de l’institut dans l’actuelle bâtisse a permis à son activité de prendre l’envergure nécessaire au rayonnement culturel de la France en Roumanie. L’institution est devenue au fil du temps le témoin de l’importance de la présence culturelle en Roumanie et des relations serrées franco-roumaines.
L’événement anniversaire a pris fin par un concert donné dans le hall de l’institut par le pianiste Dan Grigore et la soprano française d’origine roumaine, Mihaela Mingheras. L’ambiance de Bucarest de la fin des années 30 a été recréée par la chanteuse française Nathalie Joly qui a interprété quelques chansons de Maria Tanase (qui a enregistré son premier disque en 1936, il y a également 70 ans).
La création de l’Institut français de Bucarest est basée sur l’initiative du grand critique et théoricien français, Henry Focillon, animé par un intérêt particulier pour la Roumanie, dû en partie à l’amitié avec le professeur George Oprescu.
L’initiative de Focillon a séduit des intellectuels de marque français et roumains, comme Emmanuel de Martonne, Mario Roques, Emil Racovita, Nicolae Iorga ou Jean Cantacuzène.
Créé d’après le modèle de l’école française d’Athènes et de Rome, l’Institut français des hautes études en Roumanie s’est installé dans un immeuble sur la Place Lahovary, propriété de l’Union française. A la cérémonie d’inauguration, le 29 mai 1924, déroulée à la Fondation Carol, le roi Carol II lui-même a été présent, aux côtés du prince héritier. A partir de 1934, l’Institut fonctionne dans le bâtiment actuel, au 77 boulevard Dacia, acheté par l’État français à la famille Olanescu. L’édifice avait été réalisé en 1909 par l’architecte O. Maugscs.
Des personnalités de marque ont mis leur empreinte sur l’évolution d’exception de l’institution, dont le premier directeur, Paul Henry (1925-1932), ainsi que Alphonse Dupront (1932-1940), Jean Mouton (1940-1946).
Une première période critique dans l’histoire de l’institution a été de 1946 à 1948, lorsque la soviétisation de la Roumanie a débuté. Le 20 novembre 1948, les autorités communistes ont dénoncé unilatéralement les accords de coopération signés par la Roumanie avec la France le 31 mars 1931, ce qui a impliqué la fermeture de l’Institut français de Bucarest.
L’institution a rouvert ses portes en 1970 sous une nouvelle appellation, la Bibliothèque française, son fonctionnement étant stipulé par les accords culturels franco-roumains de 1965. De 1970 à 1989, la Bibliothèque française a été, dans les conditions difficiles créées par le régime communiste, le seul centre français de Roumanie.
Après 1989, à la suite des nouveaux accords bilatéraux culturels signés entre la Roumanie et la France, l’institut a repris son nom d’Institut français de Bucarest, en se transformant dans une institution moderne, qui est devenue rapidement l’un des centres culturels étrangers les plus importants de la capitale roumaine.
[source : Rompres]